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AAA

Pierre Filippi

13.11.2001 – 21.12.2001
Corti

A bsolum
A près la bataille
A riane & Pénélope

Après avoir défini chaque œuvre de l'exposition, j'ai réalisé après coup qu'elles avaient la caractéristique commune de n'avoir pour ainsi dire pas d'épaisseur matérielle. Les bannières, le rideau, le labyrinthe au sol n’ont qu'une réalité toute relative et s'apparentent à des images formelles tout autant qu'à des objets abstraits. Outre le fait que cela facilite le transport, j'ai ainsi choisi un support mince et donc mouvant et protéiforme qui permet de ne pas « figer » l'objet ou l'image puisque I'on pourra tout aussi bien considérer qu'il pourrait s'agir ici de peinture ou de sculpture. J'aime bien cette idée ambiguë de se mélanger à des genres aussi spécifiques. Le même type d'interrogation s'est posé pour le cata­logue. Je ne voulais pas que chaque page délimite son contenu, que les pages elles-mêmes dans leur matérialité fassent obstacle au texte ou aux images. C'est pourquoi c'est un catalogue qui se lira dans le sens horizontal et circulaire et non pas page par page. Les labyrinthes et les tissus participent aussi de ce mouvement de va et vient. Le fil de la navette sur le métier forme ce que Shakespeare disait être la trame de la vie où s'entrelacent le bien et le mal, et le mouvement qu'effectue le promeneur dans l'égarement du labyrinthe est fait d'allers et retours qui vont le conduire si possible jusqu'à « l’ab­solu ». Dans le labyrinthe de Cnossos, Dédale avait tissé une toile qu'Ariane avait en somme dévidée, Pénélope défilait la nuit ce qu'elle tissait le jour. Tisser ou démêler c'est toujours construire.

Pierre Filippi