Là-bas
Elie Cristiani
Le FRAC Corse présente là-bas, une exposition d’Élie Cristiani dans ses salles d’exposition, dans la Citadelle à Corte, du 16 juin au 17 septembre 2016.
L’exposition réunit un ensemble de pièces-clef de l’artiste - des plus récentes, produites pour l’occasion, ou plus anciennes - qui constituent non une rétrospective mais un état des lieux de l’œuvre de l’artiste au présent.
Le parcours rend compte de la diversité de vocabulaire d’une œuvre initiée depuis plus de quarante ans, inscrite dans l’histoire personnelle de l’artiste et de ses activités en Corse où il vit et ailleurs. Une œuvre qui n’a de cesse d’associer l’art aux formes de vie et aux faits symboliques de la vie sociale. Une œuvre attachée à l’idée et aux formes du travail - celui de la nature comme celui de la main -, aux traces et marques produites par toute les sortes de travail sur la matière du monde ; une œuvre qui s’attarde volontiers sur les signes de l’usure et de l’érosion.
Élie Cristiani, en anthropologue mais surtout en artiste, exerce un regard croisé chargé tout à la fois de gravité, d’ironie, mais aussi de l’esprit du jeu, sur un ton qui touche parfois à la tragédie bouffonne, et croise parfois un vocabulaire proche de l’Arte Povera, ouvert à l’accidentel, au vernaculaire, au high-tech comme aux savoirs du peintre ou du sculpteur. Chacune des œuvres à sa manière constitue une pièce à conviction, entre petites choses et presque riens, entre la grande et la petite histoire, entre les temps - celui de la graine comme celui de la pierre - et les géographies.
Là-bas propose donc des états au présent d’œuvres en transformation, soit une trentaine d’œuvres souvent inédites dont : six vidéos - sur écran (comme La forme de l’informe, 2003-2006, Collection FRAC Bretagne) ou en projection - ; une grande installation in situ en extérieur intitulée Quallà (2016) et sa captation vidéo en direct sur un écran présent dans l’exposition ; la présentation du dispositif de production d’œuvres post-mortem pour collectionneur (La biolithe, 2002-2016) ; des objets d’usage réinterprétés (Pointes et couteaux, 2016) ou simplement collectionnés (Dans l’auge, 2003) ; une installation sculpturale (1993-1996, collection du FRAC Corse); des images dont Vénitienne (2016), photographie lumineuse ; plusieurs dispositifs mécaniques animés (comme la planche à dessiner auto-traçante Périhélie et Aphélie, 2016), et encore une salle « peinture » dans laquelle on trouvera de la peinture sans tableau et des tableaux sans peinture (Lichens, 1987-2016 ; Pochoirs KV 2005, 2016 ; Papiers de verre 2005-2010, 2016).
Reformulées dans leur mode de présentation puisqu’en devenir continu, les pièces réunies pour Là-bas offrent un miroir existentiel où le visiteur se perd et se retrouve, s’inquiète et joue, entre banalité et vertige, entre absence et présence. « Il ne s’agit ni de désigner un lieu lointain imaginaire ou réel ni, non plus, à partir d’un désir d’ailleurs d’élaborer le projet d’y aller », précise l’artiste.
Là-bas est une occasion rare de prendre la mesure d’une œuvre forte et parfois secrète (même si l’artiste est aussi connu pour plusieurs monuments publics sur l’île) qui s’inscrit dans le temps long du devenir et de la mémoire telle qu’elle est ancrée dans nos insularités communes autant que personnelles.
L’exposition est conduite avec l’artiste par Christophe Domino, commissaire invité et Anne Alessandri, pour le FRAC Corse.