Past

le reflet, le doute, la menace / il riflesso, il dubbio, la minaccia

exposition collective

06.08.2005 – 02.10.2005
Mursiglia

Tension et dédoublement des identités, incertitude, interrogation, inquiétude, jeu, risque : au travers de pratiques extrêmement variées, par leur support (peinture,installation, vidéo, photographie, dessin...), leurs enjeux, toutes les oeuvres réunies ici sont teintées par l’écho de ces trois mots, donnant une tonalité d’ensemble à l’exposition.

Hugues Reip, Eden, 2004

Les artistes et groupes d’artistes réunis par ces expositions partagent l’expérience de travailler ou d’avoir travaillé en Corse et en Sardaigne. Qu’ils y vivent ou y séjournent, tous participent à la perception sensible du monde tel qu’il est, une perception exacerbée par leur attention et leur condition d’artiste et par leur position - géographique ou imaginaire - : l’insularité, au coeur même de ce milieu du monde qu’est la Méditerranée, et ses doubles nécessaires : la mobilité, l’ouverture, le déplacement. Comme entre Corse et Sardaigne, le détroit est tout autant ce qui sépare que ce qui rapproche.

Reflet, doute, menace ; riflesso, dubbio, minaccia : une manière de désigner ce qui passe par les détroits, ici et ailleurs, de faire apparaître ce qui est en jeu dans les circulations contemporaines, à quoi les artistes, en prise avec les réalités du temps et sans nostalgie, savent donner la forme d’oeuvre.

Entre représentations individuelles et identités collectives, les oeuvres choisies tracent les contours variés de l’intranquillité contemporaine. La figure de l’ombre y est d’une présence insistante. Le reflet, littéral ou métaphorique, met au défi toute vision simplifiée du monde, rappelant l’instabilité et la secondarité de toute image. Face au doute —quand le mot de vérité ne peut plus se dire au singulier— s’imposent tout à la fois le désarroi et l’imagination généreuse et vagabonde qui conduit au voyage, au récit, à la fable. La menace est tout à la fois ressentie et entretenue, moteur d’angoisse mais aussi de l’action. Les oeuvres, tour à tour ironiques, féeriques, poétiques, farcesques, mentales, carnavalesques, fantastiques, dénonciatrices, agressives ou mettant en scène la violence, dessinent un rapport au monde où se croisent inquiétude et désir d’agir, intériorité et expressivité. Toutes sortes d’images, par toutes sortes de médiums sont capables d’incarner ces états : du tirage photo au filmage vidéo, en passant par l’installation, la sculpture, la peinture, l’installation sonore ou diverses formes d’actions et de performances. Les expositions ne proposent pas de thèse ni de thème exclusif, mais plutôt une forme de sensibilité qui s’est dessinée au gré des rencontres avec et entre les artistes.

Anne Alessandri, Giuliana Altea, Christophe Domino (2005)

Joséphine Sassu, série Specchio delle mie brame, 1999-2000