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Oeuvres récentes

Claire-Jeanne Jézéquel

04.08.2000 – 30.09.2000
Corti
Claire-Jeanne Jézéquel, En sous-oeuvre, 1998

 [...1 Dans les premiers travaux se manifeste l‘essentiel de la démarche constitutive de l'œuvre. A partir de là, Claire-Jeanne Jézéquel poursuivra ses recherches qui consistent à saisir l'espace au moyen d'un matériau bidimensionnel. Deux ans plus tard, dans ce projet de « conquérir l'espace » advient un tournant décisif : fixées perpendiculairement au mur par des équerres métalliques, de longues plaques de bois souple interviennent pour la première fois dans l'espace. Col legno (1992) qui se situe à Ia croisée de ses travaux antérieurs et de ceux qui vont suivre, illustre la démarche de Claire-Jeanne Jézéquel qui semble se développer suivant les intervalles de la Minimal Music. [...]

[...] Ses travaux les plus récents, depuis 1998, font preuve d'une plus grande liberté encore, avec des objets constitués par l'assemblage de quelques plaques de bois, soulevées par des tréteaux, qui jouent avec l'idée de paysage, comme s'il s'agissait de tableaux réels qu'on pourrait saisir. Claire-Jeanne Jézéquel travaille avec un matériau de conception récente, du bois plaque extrêmement mince et souple.

Le matériau se met en forme, différents segments se replient l‘un sur l'autre, se succédant tels des arpèges aléatoires. Les lignes qui y sont incrustées sautent d'un segment à l'autre, reliant les différentes parties, tels des plis qui courent le long d'une surface. [...]

Extraits du texte de Doris von Drathen, L'Horizon replié, catalogue Claire-Jeanne Jézéquel (1999), publié par la Galerie Xippas (Paris), le Centre d'Art Contemporain de Vassivière en Limousin et le Fonds Régional d'Art Contemporain de la Corse à l’occasion des expositions Claire-Jeanne Jézéquel

 

 En espagnol « arriver » et « partir » se disent presque de la même façon : « llegar » et « llevar » proviennent du radical « plegar » qui signifie « plier les voiles » lors de l'entrée au port ou bien « plier les tentes » lors d'un changement de campement. Dans les deux cas, il s'agit presque de la même chose, le lieu d'où l'on vient s'éloigne dans le lointain, devient un point sur l'horizon, se replie tout comme ces toiles, pour constituer un tableau qui appartient à une autre réalité.

Une telle image qui transforme un lieu, un paysage en un mirage lointain, nous est donnée par Giacometti dans son dessin Paris vu de très loin, où la ville est réduite à l'état de silhouette, à une ligne, à une perturbation, à l'horizon.

Et si toute compréhension du monde provenait de cette contemplation à distance ? Ainsi que l'a dit Nietzsche « Celui qui veut voir le clocher de l'église doit quitter sa ville ».

Comme si elle voulait saisir, mettre portée de main, maitriser de tels lieux ou paysages à l'horizon, Claire-Jeanne Jézéquel édifie des constructions qui, dans une tension énigmatique, semblent à la fois proches et lointaines. [...]

Et si toute compréhension du monde provenait de cette contemplation à distance ? Ainsi que l'a dit Nietzsche « Celui qui veut voir le clocher de l'église doit quitter sa ville ».

Claire-Jeanne Jézéquel, Pliée (là), 1997
Oeuvre de la collection du FRAC Corse, détruite dans l'incendie du 06.11.2001