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RED MAP

GRAZIA TODERI

19.04.2019 – 05.07.2019
Corti

C’est dans le déplacement de signes que se révèle l’œuvre visionnaire de Grazia Toderi. Aussi insaisissables que prégnantes, les images qu’elle crée tiennent autant de la réalité concrète que de son intuition. Captivantes, elles suscitent le vertige et l’acuité de la pensée. Peut-être y a-t-il chez Grazia Toderi des réminiscences de cosmologie antique, peut-être aussi de théories humanistes liant l’homme au monde par sa conscience. Un être d’une complexité infinie, un monde d’une intensité inépuisable. Un être qui teste ses capacités à comprendre au sens étymologique, un monde qui épouse ou contrarie cette conscience. Grazia Toderi agit avec grâce et violence. L’équilibre et la beauté des images sont des outils d’exploration. Le sublime n’est pas une fin d’autant qu’il est toujours bouleversé. Quand en 1994(1) , elle plonge dans une piscine avec son imperméable et son parapluie pour marcher dans le fond, elle ne teste pas que les lois de la pesanteur. Elle a pour toujours en mémoire (souvenir de très petite enfance) les pas flottants du premier homme sur la lune retransmis à la télévision. Elle en fait un autre scénario dont on peut dire qu’il est, finalement, semblable par les sensations qu’il produit : étonnement et inquiétude et cette poésie astrale qui n’a pas d’équivalent, qui est une sensation neuve dont Grazia Toderi a saisi l’essence. Depuis, elle met l’humanité sur orbite modifiant les points de vue qu’elle situe au niveau cosmique. La perspective est dépassée, l’observation devient un état. Le travail est précis dans ses aspects visuels et sonores. Les images satellites d’EMPIRE (2002) prélevées sur les sites internet et retravaillées font découvrir les vibrations lumineuses de continents habités avec leurs zones accentuées, les plus scintillantes et les plus sensibles. Plus tard, c’est l’artiste elle-même qui capte ses propres images : éléments et phénomènes naturels, cités, lieux de la mythologie éternelle et moderne (théâtres, stades) et frontières (terre, mer, côtes…), toujours à partir de points élevés et éloignés, qui permettent un englobement par la vision. Grazia Toderi produit des stratifications de lumières, des signes du vivant. RED MAP (2018), comme ORBITE ROSSE (2009) et ROSSO BABELE (2006), évoque le livre de Calvino(2). Son dispositif particulier rend plus vif encore le rapprochement avec ce texte extraordinaire. Un seul film projette cinq faisceaux au sol où se superposent, sous formes elliptiques en mouvement, des vues nocturnes de plusieurs grandes villes dessinées par les lumières qu’elles produisent ; le son très présent, est le même que l’artiste travaille depuis 1997. Sa vibration rappelle celle du vent et suggère les bruissements de la pensée. L’œuvre RED MAP est entrée dans la collection du FRAC Corsica l’année de sa création. Elle y est exposée après Tel-Aviv (à la Braverman Gallery du 22 mars au 17 mai 2018) et Florence (à la Galleria Poggiali en novembre 2018).

Red map est une œuvre récente inspirée du livre d’Italo Calvino les villes invisibles.
Un seul film projette plusieurs faisceaux au sol où se superposent sous formes elliptiques, des vues nocturnes de plusieurs grandes villes ; le son est très présent. C’est le même que l’artiste retravaille depuis 1997. Il est vibratoire et, pour elle, évoque autant le vent que les manifestations de la pensée.

L’occhio non vede cose ma figure di cose che significano altre cose