Soudain nous vîmes S̶A̶N̶S̶ de force
Susanna Fritscher
Susanna Fritscher réalise un travail extrêmement précis exigeant une technique aboutie et des connaissances scientifiques poussées. Le résultat est d’une remarquable finesse.
Susanna Fritscher transforme les espaces où elle intervient et ses œuvres sont toujours conçues par rapport aux contraintes architecturales ou topographiques qu’ils présentent et qu’elle parvient à transformer voire à gommer.
Au premier regard, les espaces de Susanna Fritscher apparaissent vides, nus. Ses interventions sont discrètes, « minimales », elles se fondent à leur environnement dans une relation presque mimétique. Œuvre et lieu font un et se désignent mutuellement.
Par cette proximité, leurs caractères semblent s’inverser : l’espace perd son aspect réel et se dématérialise, l’image, elle, prend de l’espace. La géométrie élémentaire du lieu se trouve déstabilisée, l’espace flotte dans une coloration, un jeu de transparence, une lumière projetée, un murmure de voix qui s’amplifie. Devenu incertain, il s’adresse à nous, nous « regarde ».
« … La lumière marque la limite de la visibilité, elle isole le minimum sensible derrière lequel il n’y a aucune grandeur à quantifier : ce qui reste est un simple support topologique. Susanna Fritscher fait ainsi l’hypothèse d’une vision à la fois sans objet et sans sujet : pour en faire l’expérience, il faut que le regard s’identifie à la vision, qu’il soit par lui-même la vue, apte à saisir le visible. … »*
* Philippe-Alain Michaud, « Au Seuil de la visibilité », texte paru dans le catalogue monographique « SUSANNA FRITSCHER Blanc de titre blank of title ».