Alain Fleischer, Ecrans sensibles

Evènement 22.03.2001 → 23.03.2001 Corti Passé

Les projections-performances auront lieu à Corte, au Cinéma Aprile, à 15h00 avec la collaboration du Centre Méditerranéen de la Photographie

 Les deux photographies qui seront réalisées au cours de ces séances seront exposées au Musée de la Corse dans le cadre du programme national « Le Printemps des Musées ».

"... et cela me plait de savoir que le monde est rond et d'avoir un pied sur les passerelles."
Cesare Pavese - La lune et les feux

En septembre dernier, Alain Fleischer a tourné dans le Cap Corse deux films en 16 millimètres de dix minutes chacun.

Projetés en chambre noire sur de grands écrans (3m x 4m) de papier photographique, les images filmées se superposent pour qu'apparaisse, révélée à la fin des séances, celle qui les comprend toutes, fixée et sensiblement différente.

Le paysage est le lieu de la rêverie et de la permanence. Dans sa contemplation se manifeste l'intuition du monde et du temps.

Alain Fleischer fait de l'expérience technique, vécue en direct par les spectateurs, un moment de réflexion sur la perception et Ia mémoire. Un moment d’émotion quand on saisit combien le processus d'apparition des images correspond à celui de Ia recherche et de I‘affleurement à la conscience d'un souvenir.

En utilisant comme complémentaires deux moyens de création, cinéma et photographie, l'artiste explore les possibilités qu’ils offrent de capter et de transformer le réel pour en donner ce qui est exactement une image subjective. Cette photographie, somme d'images bougées, fixe le temps du tournage qu'elle contient. Elle a enregistré l'expérience du lieu.

Le souvenir surgit d'une errance dans Ia mémoire, d'une promenade mentale dans l'indécis. Cette impression est restituée par le film projeté en négatif qui fait ressentir l'étrangeté d'un paysage irradie, comme une manifestation de l'inconnu.

Avec la révélation de l'image finale, Alain Fleischer n'offre pas un regard sur un motif pittoresque, pas plus qu'une évasion vers l'ailleurs, mais une plongée dans un espace qui est à Ia fois Ia chose inventée et la chose vécue et qui contient le magnifique drame de vivre.

Anne Alessandri