Nuit Européenne des Musées : oeuvres de la collection du FRAC CORSE
Emma Kay
Marylène Negro
João Onofre
Jean-Jacques Rullier
Batoul S'Himi
Dans son travail, Emma Kay utilise souvent le dessin comme un moyen qui lui permet d'enquêter sur sa propre mémoire. Son travail interroge sur les systèmes que nous appliquons pour percevoir, se souvenir et exprimer la connaissance. L'artiste s'intéresse aux écarts entre la mémoire individuelle et le savoir encyclopédique, entre l'expérience personnelle et une culture universelle.
Ses sujets sont la littérature, la religion, l'histoire du monde et sa géographie. Ainsi, dès 2001, elle réalise The Bible from Memory : un récit qu'elle fait de 7 500 mots, reprenant le texte de la Bible, avec ses propres termes, sans jamais avoir recours à l'original.
The World from Memory 111 fait partie d'une série de cartes géographiques dessinées de mémoire et à la main. A première vue, elles présentent une certaine authenticité. Cependant rapidement des inexactitudes apparaissent qui les font ressembler à des documents anciens.
"Ces paysages ont quelque chose d'étrange. Ils m'observent, leurs yeux me fixent, je me sens exister. Comme si dans le regard d'un paysage, j'existais comme peut-être je ne m'étais sentie exister, vue comme jamais, je le regarde, si fixement. L'impression, peut-être, de devenir ce paysage qui me regarde et ne peut pas me voir." Marylène negro
La Corse inoubliable de Marylène Negro est un diaporama réalisé en 2005 à l'occasion d'une résidence en Corse. Ces vues de Corse ont toutes en commun de nous faire découvrir des ouvertures par paires, perçues comme des regards. Le paysage est humanisé, et l'imagination lui confère du caractère, des intentions. Ce paysage, dont l'une des conditions est d'être regardé devient lui-même regardeur, scrutant avec acuité le spectateur. L'inversion des rôles engendre un face à face insistant.
L'œuvre -Untitled (Sun 2500) a été présentée par le Portugal dans le cadre de sa participation à la 12ème biennale d'Architecture de Venise (2010). Quatre architectes y montraient chacun une maison construite par lui et avait désigné un artiste, l'invitant à comprendre et à investir cette maison. L'architecte Ricardo Bak Gordon a choisi de travailler avec João Onofre qui a réalisé un travail de cinéaste, au cœur de Lisbonne, avec d'importants moyens techniques au service d'un projet d'une grande force poétique mais aussi extrêmement construit et mettant en scène de façon totalement inédite et authentique les rapports entre la cité et l'espace privé. Dans un grand travelling, un voilier (un Sun2500) suspendu à une très haute grue navigue dans le ciel d'un bleu très pur au-dessus des immeubles et vient délicatement se poser dans la cour intérieure de la maison. Ce n'est pas la première fois que João Onofre bouleverse le sens de l'espace. Les moyens cinématographiques servent ici l'ampleur de son projet.
Dans le cadre de l'opération Nuit Européenne des Musées, le FRAC a choisi de présenter cinq oeuvres de la collection au Musée de Bastia.
Monde sous pression 1 appartient à une série d'objets de la vie quotidienne qui sont mis en scène et subissent des transformations qui modifient leur statut ; d'objets ils deviennent sculptures. La cocotte-minute, qui est l'ustensile indispensable au quotidien des femmes, est transformée en mappemonde. Les continents sont découpés dans le métal ; l'objet ne peut plus être contenant mais il devient une sorte de symbole universel.
L'ensemble d'œuvres des Catastrophes Naturelles de Jean-Jacques Rullier se rattache à une série plus importante intitulée Les Questions.
Cette série s'organise à partir d'une même disposition formelle ; un dessin figuratif au-dessus d'une question écrite. La légèreté donnée par le style comme par la question, apparente ces œuvres à des jeux d'enfants.
Pourtant, ces dessins laissent entrevoir des tragédies et livrent une vision d'un monde soumis à de terribles dangers. L'artiste inventorie les catastrophes et donne une représentation pessimiste de l'avenir de la planète et du genre humain. Mais ces dessins présentent aussi une possibilité de salut. Le spectateur dispose du pouvoir de protéger les individus en détresse perdus dans ces paysages s'il fait l'effort de résoudre les énigmes.