Passé

denature

exposition collective

04.04.1997 – 30.05.1997
Corti

Entre naturel et artificiel les distances sont grandissantes ou minimes.

Hésitant à tester les effets de deux morceaux du même champignon dont l'un fait grandir et l'autre rapetisser, Alice s'écrit : "Et maintenant reste à savoir lequel est lequel*". Entre le naturel et l'artificiel les distances sont grandissantes ou minimes. Denature se présente comme une intention de montrer des oeuvres qui empêchent toute adhésion naïve à ce monde et au temps.

Du particulier au monstrueux, le franchissement du seuil des genres (végétal, animal, humai) comme le détournement des fonctions ou du sens, ou encore l'intervention (même quand elle n'est qu'accompagnement) dans le processus naturel provoquent le doute sur l'authenticité du monde réel.

La nature, sujet ou objet de sublimation, de perversion, d'ironie, de mélancolie, demeurele principal prétexteà l'appréhension critique de la connaissance et des nouvelles certitudes.

Les références à la mythologie classique ou moderne, les images défilantes (saisies) de la communication publicitaire, les inventions d'espèces zoologiques ou botaniques qui trouvereaient leur justification dans l'histoire de la nature ( plus fantastique qu'on ne saurait l'inventer), sans vouloir raconter une autre histoire, fabriquent une fiction concrète.

L'esprit de la Renaissance découvrait scientifiquement la nature en même temps que les artistes trouvaient les moyens de la représenter au plus juste, c'est-à-dire comme la manifestation de l'ordre hiérarchique qui situait l'homme au centre de la création, dans un cadre résonnant de correspondances.

Aujourd'hui, il n'est plus possible à l'être humain d'entretenir cette certitude de domination. Les sciences qui ont élargi leurs champs d'investigation et de découverte interdisent toute sécurité d'un ordre établi et l'art conteste les limites d'un savoir condamné à des connaissance anthropomorphiques.

Anne Alessandri

* Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles.