Passé

E Lusine

Exposition collective

14.02.2012 – 31.03.2012
Corti

Jeune création : échanges entre Corse, Ligurie et Sardaigne

E LUSINE est le mot qui désigne en Corse, dans le sud particulièrement, les vibrations lumineuses que l’on perçoit dans le ciel, la nuit, trop lointaines encore pour éclater en éclairs et tonnerre. Visibles sur une durée assez longue pour éclairer, par intermittences, le paysage et l’horizon entiers, elles les découvrent sous un aspect autre qui relativise les repères connus. Elles résonnent aussi, sourdement, ondulant dans l’atmosphère sèche comme parcourue de spasmes. C’est un spectacle magnifique qui émeut et surprend. La perception de ce trouble dans l’espace, assez puissant pour se signaler malgré l’éloignement, procure un vif plaisir, une sorte d’enthousiasme.

Le rapprochement de ce phénomène avec l’éclosion de la jeune création nous a paru juste et nous avons partagé ce sentiment avec les artistes. Ils portent dans leurs projets et propositions une forme de puissance que l’expérience distillera mais que l’exigence qu’ils s’imposent dans leurs premiers travaux laisse intacte. Peut-être n’est-elle pas encore totalement exploitée ou maîtrisée mais elle est forte et elle brille.

Le projet E LUSINE est donc né tout d’abord de la nécessité de mettre l’accent sur une nouvelle génération d’artistes. Mais tout ce qui est énergie se partage (sinon se délite) il était intéressant de donner plus de profondeur et de dynamisme à l’opération en créant simultanément des échanges. Cette autre dimension donnée par l’accueil et l’implication de jeunes artistes de régions italiennes très proches a créé chez tous une curiosité et un désir de communiquer qui vont dans le sens des objectifs que nous nous sommes donnés : Contribuer à la construction du réseau de demain, favoriser les collaborations.   

vue de l'exposition
vue de l'exposition

« J’apprends plus d’un jeune camarade que d’un vieux maître et il apprend plus d’un jeune camarade que d’un vieux maître » Raymond Radiguet (1922 Art poétique).

Adrien Porcu, Ainsi soit-il
2012

A parcourir l’exposition on apprend aussi à considérer l’engagement artistique dans ce qu’il a de fondamental. L’art ne se substitue pas au vécu, il n’en est pas une expression sophistiquée, il est une des voies pour le saisir au mieux ou tenter de le faire.

 La plupart des artistes qui sont réunis dans l’exposition restent attachés à leur lieu d’origine où ils vivent et travaillent. C’est de là qu’ils précisent leur regard sur le monde et son actualité avec la même nécessité de conjuguer la réalité avec son interprétation pour en dégager des postures : visions neuves des classiques, des traditions et approches critiques des débats politiques, culturels, sociaux, intimes. Le paysage est sujet, lieu de mémoire ou théâtre de lutte entre le passé et les transformations du présent. Le portrait ne se construit pas de l’observation seule mais d’une pénétrante attention qui analyse et restitue la qualité d’une présence. La fragilité et la violence, la menace de conflits latents, les incertitudes, l’imperceptibilité du bonheur et l’insistance du doute sont là. Tout est sans complaisance mais non sans ironie et poésie.

 Anne Alessandri  

Commissaires de l'exposition : Sandra Solimano, Leonardo Boscani, Anne Alessandri