La Seconde vie des images en mouvement
En 1936, le surréaliste Joseph Cornell décide de remonter le film East of Borneo (1931) en privilégiant les apparitions de son actrice à laquelle il rend hommage en donnant son nom Rose Hobart à ce collage de séquences ralenties associées à une musique exotique et à un plan d’éclipse. Ce film de fan avant l’heure ouvre un nouveau chapitre de l’art moderne, celui du found footage qui consiste à réutiliser des scènes préexistantes, dans la lignée du ready-made, l’objet industriel exposé en tant qu’œuvre d’art. Cette pratique va connaître un développement dès les années 1950 à travers le principe du détournement situationniste qui donne à ce remploi une portée politique, celle de l’annonce du renversement des conditions de vie subies. Emmené par Guy Debord, le mouvement révolutionnaire de l’Internationale situationniste reprend des éléments propres à la culture de masse pour les subvertir et en exposer les contradictions. Mais si sa tentative de dépassement de la société capitaliste a échoué, il reste que la déconstruction des représentations médiatiques (télévisuelles et cinématographiques) a connu une indéniable postérité et que sa critique a profondément influencé l’usage des images en mouvement déjà produites.
Avec l’avènement d’Internet et la prolifération des réseaux sociaux, le found footage a connu une expansion sans précédent. La démocratisation de l’accès aux images, facilitée par des plateformes comme YouTube, Vimeo ou encore les archives en ligne, permet à un nombre croissant d’artistes de s’approprier cette technique. Le remix, le mashup et les autres formes de réemploi audiovisuel deviennent des pratiques courantes, non seulement dans l’art mais aussi dans la culture populaire. Aujourd’hui, cette « post-production » est omniprésente, tant l’immense banque d’images disponibles permet d’explorer des thèmes variés, en allant puiser dans notre mémoire collective toujours fragmentaire. Ainsi, La Seconde vie des images en mouvement offre un panorama non exhaustif de ce phénomène de l’appropriation artistique qui rappelle que chaque créateur est aussi un spectateur dans nos sociétés où la circulation incessante des images, et l’économie de l’attention qui lui est associée, sont devenues un fait anthropologique majeur de ce XXIe siècle.
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